Essais tous azimuts, 15 et 16 juin 2013
Avant de partir pour un périple d'une semaine dans le Morvan, il y a de nombreux réglages à faire, des tests à réaliser. Le contenu des sacs à dos, leur poids, le matériel de camping, notre capacité à porter tout ça, le confort sous tente (on n'a plus pratiqué depuis quelques années) et la cohabitation homo erectus / Canis lupus familiaris dans un habitacle exigü. Nous avons donc programmé une boucle de deux jours, au départ de Cluny avec étape à Saint Point, 16 km ( à pied) plus loin, et retour le lendemain par un autre itinéraire, un peu plus corsé.
Au départ de Cluny, nous sommes chargés pour deux jours, ce qui fait 5 kg pour Gavroche, 13 kg pour Christine et 15 kg pour moi.
Ça commence tranquillement par un cheminement sur le GR, en fond de vallée, pas de côte sérieuse avant huit kilomètres. Cela permet de faire les réglages de courroies, de ceintures, sans avoir à gérer en même temps l'effort d'une pente trop sévère. L'état des chemins s'est bien amélioré, mais il reste de vastes flaques qui prennent vie avec la chaleur. Les grenouilles de toutes catégories s'y sont installées, une chanson resurgit du passé, de circonstance : "les grenouilles", de Steve Waring.
A midi, nous avons fait 7,5 km, nous traversons la nationale. C'est à partir de là que le dénivelé commence, nous faisons donc un pause ravitaillement quelques minutes plus tard. Évidemment, le temps de trouver un joli coin, c'est après avoir un peu attaqué la côte qu'on s'arrête. Cela permet d'avoir une première vue panoramique du village de Mazille.
On attaque la grimpette de la journée, forcément le rythme se ralentit (encore que le rythme cardiaque...faut voir). Et en plus il est midi, les heures chaudes. Heureusement cela se fait surtout dans la forêt, on profite de l'ombre. Pendant une bonne heure on grimpe pour arriver à l'altitude de 450 mètres (on n'est pas dans les Pyrénées non plus), et le chemin continue sur le sommet des collines. A 14 heures, on a parcouru 11 km, il n'en reste que 5 à faire, on s'octroie donc un arrêt prolongé, à l'écart du chemin au bord d'un champ de blé (et de bleuets). Gavroche est débarrassé de ses sacoches (penser à faire deux points de couture pour améliorer le système) et boit, comme nous. Le rituel est établi, il se laisse harnacher et des-harnacher sans problème.
Nous apercevons aussi les collines que nous franchirons le lendemain, le plat de résistance du week-end. Le ciel est légèrement couvert, ce qui nous épargne de trop fortes chaleurs.Au point côté 555 ( quand même, on continue de monter), nous quittons le GR pour piquer sur Saint Point. La qualité des chemins reste identique : alternative. De bons chemins qui deviennent ruisselets, voire franchement spongieux. Les nappes phréatiques vont être bien remplies cette année.
Enfin nous voyons le but, le lac de Saint Point. Avant nous passerons par le village et l'incontournable château de Lamartine (nous ne ferons que passer). De même que nous ne revisiterons pas son tombeau, dans le cimetière local. Nous sommes au coeur du val lamartinien, là ou le grand homme est passé et repassé, à défaut d'y être trépassé. Nul ici n'oserait afficher un panneau comme celui que nous avons vu lors d'une précédente balade.
Nous arrivons au lac avant 16 heures, l'accueil du camping n'est pas ouvert, et de toutes façons...c'était prévu, surprise pour Gavroche, détour incontournable par le lac. Et première séance de baignade accompagnée pour lui. Il décidera qu'il n'en n'a pas besoin, et fait très bien sa vie tout seul dans l'eau.
On ramasse les affaires ensuite et direction le camping, le second test commence : nuit sous la tente, avec dîner au resto au préalable ( deux tests, en fait). Et nous devons réviser nos classiques un peu oubliés : montage de la tente, installation pour la nuit.
Pour le montage Gavroche traduit vite: c'est comme du boulot, donc position habituelle : au frais à l'écart. "Je surveille que ça se passe bien. Vous me dites si vous avez besoin." Puis il se restaure légèrement, un rocher providentiel permet de mettre les gamelles à bonne hauteur.
A 19h15 nous sommes au restaurant du camping: le plein air, ça creuse. On s'installe en terrasse, c'est une première pour Gavroche qui globalement se tient bien, allongé à nos pieds. Il n'est pas insensible aux caresses des gens qui passent (c'est son côté charmeur), mais ne fait pas d'excentricité, n'aboie pas, tout va bien. un orchestre (enfin, ils sont deux) s'installe, une soirée est prévue sur le thème des musiques latines. Nous ne restons pas après le repas, vers 21h15 nous remontons vers la tente. Le groupe commence à jouer, nous en profiterons toute la nuit (le son monte bien). Ce qui n'a pas été trop génant ni désagréable, la musique étant de qualité, comme par exemple Guantanaméra, en espagnol, qui sera reprise plusieurs fois. Cliquez ici pour avoir une idée de l'interprétation (parmi les centaines de versions en ligne, celle là nous semble la plus proche de ce qui a été fait ce soir là).
Mais auparavant, il faut se coucher. Gavroche avait déjà reniflé l'entrée de la tente, mais on ne l'avait pas invité à rentrer, alors poli, il était resté dehors. Maintenant, la nuit tombe, nous nous changeons, nous sommes tous les deux à l'intérieur...il faut y aller. Il entre sans trop d'appréhension, plutôt étonné et peu à l'aise avec les usages internes : "je me place où, comment? C'est là qu'on dort, je peux???"
En fait aux pieds, c'est pas l'idéal, il choisira de s'installer entre nous deux, la tente d'Anouchka ( merci pour le prêt) étant assez large pour qu'il trouve sa place. Et plutôt du côté de Christine, en accord avec elle (on ne sait jamais, la nuit peut être fraîche). Ce qui donne ça :
La nuit se passera bien, bercés par la musique latino, Gavroche sage comme une image. Les matelas, autre point d'interrogation, et les duvets seront amplement suffisants pour assurer notre confort (dédicace à Matti pour les conseils techniques).
On est en pleine forme au petit matin. Au tout petit matin: réveil à 5h30, naturellement. Pas de raideurs, une nuit bien au chaud ( Gavroche, c'est 35 kg à 38 degrés, pour la chaleur animale, ça va bien). A la maison, on râlerait, mais là, presque en pleine nature, quand le soleil se lève à peine, c'est que du bonheur. Le vieux réchaud ( au moins 15 ans d'âge, déjà testé en sortie) fait son office et le café soluble est un vrai régal.
Ensuite, comme hier, à l'envers, on retrouve certains réflexes, on remballe tout pour repartir. Gavroche prend sa part : pour le démontage, c'est comme le montage, surveillance du bon déroulement des opérations. et quand il est l'heure de partir (chut, on n'aboie pas...) position : on me met le bât, et après on décolle. Il est 7 heures.
La seconde phase de test s'est très bien passée. La grosse inconnue: l'attitude de Gavroche, a été levée, peut-être quelques bricolages à perfectionner, du genre corde à linge, trois fois rien.
Avanti donc pour la deuxième étape. Nous commençons par la difficulté du jour, 360 mètres de dénivelée positive en 4 kilomètres. Nous montons à notre rythme, celui de marcheurs chargés à 13 et 15 kg. Gavroche sent venir la grosse journée, il ne tire pas trop. La fraîcheur et la lumière du matin nous aident à supporter l'effort.
Au bout d'une heure trente nous en venons à bout, et une bonne grosse pause s'impose.
A partir de ce col, qui ne porte pas vraiment de nom mais que nous baptisons "des Charbonnières" comme sur la carte, on quitte la tranquillité relative des chemins balisés pour naviguer à la carte. Le chemin existe-t-il encore, et dans quel état? Ouf, c'est bon, il est bien là, sur la gauche, plein nord. Hier la boussole était restée dans le sac, aujourd'hui elle est dans la poche, on ne sait jamais. Et à la faveur d'une coupe de bois, on aperçoit un nouvel horizon, vers l'est, la vallée de la Saône.
La navigation se passe bien, nous retrouvons un chemin déjà parcouru qui nous mène au col des Enceints (529 mètres) et toujours cap au nord, nous continuons vers le col du Bois Clair, qui sépare la vallée de Cluny et celle de Mâcon.Les chemins restent globalement bons, comme hier, c'est à dire sauf exception notoirement humide. Et bien sûr de jolis photos à faire. Extraits :
Nous croisons quelques vététistes intrépides et déterminés, qui subissent comme nous l'état des chemins. Sans garde boue, ça laisse des traces...un court moment on aperçoit la roche de Solutré, à côté de sa soeur jumelle de Vergisson. Sur la photo ci dessous, Solutré c'est le petit triangle qui dépasse à peine au centre de la photo, en arrière plan.
Vers 1 1heurs nous quittons la crête, on sent de plus en plus la chaleur. La forêt nous protège encore un peu, mais dès qu'on est dans une clairière, une coupe de bois, on prend de grosses bouffées de chaleur. Les chapeaux et la crème solaire sont de rigueur.
Enfin nous arivons sur le pont qui enjambe la Ligne à Grande Vitesse et la nationale. Ce pont, ça fait vingt ans que je passe dessous, en me demandant : il va où, il sert à quoi? Il ne va pas bien loin, il sert surtout aux agriculteurs et aux promeneurs, comme nous. Donc photo symbole obligatoire (vous noterez l'astuce de Gavroche pour se mettre à l'ombre...)
A partir de là, il reste 6,5 km jusqu'à Cluny (et non 4,5 comme j'avais mal compté ce jour là....désolé ). Par l'ancienne nationale et la voie verte, donc bitume et peu d'ombre. Comme à Buxy récemment, nous changeons de chaussures, et il ne reste plus qu'à...avancer, avancer. Quelques pauses pour s'hydrater tous les trois. Vers 13h30 nous sommes de retour en gare de Cluny, à 14 heures nous retrouvons la fraîcheur de la maison.
Le bilan est positif. Pas de bobo majeur (deux ampoules pour moi, mais on avait les pansements), quelques adaptations dans le ravitaillement en eau à prévoir ( en porter moins, acheter une gourde...), et Gavroche s'est comporté comme un chef ( c'est pas parce que c'est notre chien que je dis ça, il a vraiment été cool sur les deux jours).
On peut sérieusement envisager de faire trois fois ça ( 6 jours) dans le Morvan pendant l'été.
Les parcours, :